Les bélandres, anciens bateaux de nos rivières et canaux
Publié le 30 mars 2009
A l'origine, c'est un petit bâtiment hollandais, remontant au XVIIéme siècle, à fond plat, employé sur les rivières, sur les canaux et dans les rades, pour le transport des marchandises.
L'illustration reprise dans notre bulletin, à l'appui de la question précitée, est extraite du Flandria Illustrata de Antoine Sanders, dit Sandérus, de 1641. Elle permet de se représenter la silhouette de ce bateau, car on ne connaît pas actuellement d'exemplaire conservé de ce type d'embarcation.
Le terme « bélandre » viendrait du hollandais: « bijlander », c'est-à-dire de « bij » près, et de « lander » terre, ce qui pourrait signifier aussi un navire de charge qui évolue à proximité des terres ou qui longe la côte.
La propulsion du bateau se faisait alors avec une, voire deux voiles, comme au XVIIIème siècle.
La bélandre naviguait également dans notre région, particulièrement sur les canaux de la Haute-Deûle et de la Basse-Deûle. Ces bateaux étaient souvent chargés d'un poids qui excédait celui qu'ils pouvaient porter. Les archives municipales font état d'une ordonnance de juin 1789, du fait qu'en l'état « il y a lieu de craindre qu'une surcharge ne cause des obstructions, de sorte que le passage ne soit interrompu ». Il était alors préconisé « qu'un tirant d'eau demeurera fixé à trois pieds ou neuf paulmes, en remontant, et trois pieds quatre pouces ou dix paulmes un pouce en descendant ». Sur la coque devait être peinte une échelle graduée indiquant leur tirant d'eau.
Plus récemment, au XIXème siècle et au début du XXème, les bélandres naviguant sur les rivières et canaux du nord de la France ont évolué vers une physionomie proche de la péniche flamande, leurs proportions ayant sensiblement augmenté par rapport à leurs ancêtres. Les formes sont très opulentes et puissantes, puisque les bordés s'incurvent jusqu'à entrer dans la coque au niveau de la quille. Les plus grandes mesurent jusqu'à 38,7 mètres de longueur, pour 5 mètres de largeur, avec un enfoncement en rivière pouvant atteindre entre 1,80 m et 2,50 m, pour un fret de l'ordre de 250 à 280 tonnes, voire 350 tonnes.
On peut noter que le gabarit des péniches actuelles, dites « Freycinet », est de 38,5 m de longueur, pour 5,05 m de largeur et une capacité de 350 tonnes.
Sans chercher à reconstituer une bélandre aussi importante, on se laisse à rêver de pouvoir trouver un chantier naval fluvial, qui pourrait réaliser une réplique du petit bâtiment, tel que décrit par Sandérus. Dans le contexte d'un Plan Bleu, réhabilitant l'eau à Lille, il serait intéressant qu'une bélandre puisse réanimer nos eaux lilloises, entre le quai du Wault et les quais de la Basse-Deûle restaurés !
Cet article est extrait de notre bulletin de mars 2009, que vous pouvez vous procurer par correspondance, ou en vous rendant dans notre local de la rue de la Monnaie.