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Les fortifications nouvelles et l'agrandissement du quartier royal

Publié le 30 mars 2006  

Pour évoquer le chapitre des travaux de Vauban et l'histoire bien connue des sièges de la ville, nous reproduisons ci-dessous les quelques pages que lui consacrait M. Hippolyte Fournier, ingénieur civil, dans son ouvrage « Histoire pittoresque des villes les plus remarquables de la France, la Belgique, la Hollande, l'Angleterre et l'Espagne » publié à la librairie populaire des villes et des campagnes en 1851. Si nous avons choisi de reproduire ce texte, c'est parce qu'il explicite l'intérêt que portent les auteurs du début du XIXème siècle pour l'oeuvre de Vauban et notamment pour la régularité, l'ordre et la noblesse de la réalisation moderne constituée par la fortification nouvelle et l'agrandissement du quartier royal.

Les travaux les plus remarquables qui furent alors exécutés sous la direction du maréchal de Vauban, consistent en forts, bastions, ouvrages avancés, et surtout en vue une citadelle qui est l'une des plus fortes, et, sans aucun doute, la plus belle et la plus régulière de l'Europe. Cette citadelle est le chef d'?"uvre de Vauban, qui en fut le premier gouverneur. Il la construisit dans une position telle, qu'on ne peut l'attaquer qu'après la prise de la ville, ce qui lui donne pour ainsi dire une force indomptable. Vauban la lui a d'ailleurs assurée par toutes sortes de moyens. Elle a la forme d'un pentagone de la plus parfaite régularité, avec beaucoup d'ouvrages sur chaque front. Les fortifications de la ville ne le cèdent point à la citadelle. L'enceinte qu'elles tracent présente une ellipse d'environ 1,200 toises dans sa plus grande longueur, sur 600 de large. Elle est percée de sept portes, dont une, celle que représente notre gravure, est digne d'arrêter les regards sous le rapport monumental.

Cette porte fut élevée par les magistrats de Lille, en 1682, comme un arc triomphal à la gloire de Louis XIV. Elle est d'ordre dorique et terminée par un trophée, sur lequel est assise la Victoire tenant une couronne à la main. C'est une décoration d'un bel effet et d'un aspect imposant. Elle s'appelait d'abord porte des Malades, parce que, non loin de là, avait été fondée dans le treizième siècle, par la comtesse Jeanne de Flandre, une léproserie pour les pèlerins qui revenaient de la Terre-Sainte, attaqués de maladies épidémiques ; elle s'appelle aujourd'hui la porte de Paris.

Cependant la guerre de la succession d'Espagne s'était allumée, et, en 1706, la Flandre devint de nouveau le théâtre des hostilités. Après différents succès qu'ils avaient eus, les alliés résolurent le siège de Lille. Le prince Eugène et le duc de Marlborough l'investirent, le 13 août 1708, avec des forces imposantes, et, dans la nuit du 22 au 23, ils ouvrirent la tranchée. La place était défendue par le maréchal de Boufflers, qui, le 22 octobre, fut obligé de capituler, ayant vainement attendu que l'armée française, sous le commandement du duc de Bourgogne et du duc de Vendôme, le délivrât. M. de Boufflers se retira avec cinq mille hommes et toute l'artillerie dans la citadelle, dont il ne sortit que le 8 décembre, avec les honneurs de la guerre, après avoir perdu tout espoir de secours. Lille resta aux alliés jusqu'au traité de paix conclu à Utrecht en 1713 qui la rendit à la France. Dans les guerres de la Révolution française, cette ville eut à subir un sixième siège, le plus terrible de tous par les ravages qu'il causa, et le plus mémorable par la résistance des habitants.

Au mois de septembre 1792, le duc Albert de Saxe avança, sans rencontrer d'obstacles, jusque sous les murs de la place avec une armée de vingt-cinq mille hommes. Lille n'avait alors pour toute garnison que des volontaires sans aucune expérience, quelques bataillons de fédérés, les débris de quelques régiments de ligne indisciplinés, 600 cavaliers montés, et cent trente-deux artilleurs ; mais le courage que les lillois déployèrent pour la défense de leurs foyers valait mieux que l'armée la plus nombreuse. Aux insolentes sommations de l'ennemie, les généraux qui commandent la garnison, et la municipalité, répondent qu'ils ont juré à la nation de vivre libres ou de mourir, et qu'ils ne sont pas des parjures. Le peuple appuie ces nobles paroles par mille cris de vive la nation ! vive la liberté ! Dès qu'elles sont connues d'Albert de Saxe, une grêle de bombes, d'obus et de boulets rouges tombe sur Lille. Ce feu dura, presque avec la même vigueur, depuis le 29 septembre jusqu'au 8 octobre ; mais ne fit pas chanceler un instant la résolution des habitants, bien que l'ennemi dirigeât principalement ses coups sur les quartiers des classes pauvres, qui furent complètement écrasés, dans l'espoir d'exaspérer les ouvriers, et de les porter à exiger des autorités la reddition de la place. Jamais calcul n'avait été plus mal fondé. Enfin, le 8 octobre, Lille fut délivrée ; les Autrichiens battirent en retraite sur Tournay, avec la honte d'avoir échoué dans cette expédition d'une atrocité inutile, et qui leur coûtait au moins deux mille hommes. La France entière applaudit alors à l'héroïsme des Lillois.

Des offrandes généreuses récompensant le zèle et la persévérance de ces mêmes citoyens qui venaient de montrer tant de courage, réparèrent promptement les ravages de l'ennemi, et des quartiers neufs sortirent comme par enchantement du milieu des ruines.

Après tant de sièges qui ont forcé plusieurs fois la ville de Lille à se rebâtir en tout ou en partie, il ne faut pas s'attendre à y trouver rien du Moyen-Age, à y rencontrer de ces antiquités qui font rêver le poète, penser l'historien et tressaillir l'ami des arts. Lille a, en effet, une physionomie toute moderne ; presque toutes ses rues sont larges et fort droites, et dans certains quartiers, exactement tirées au cordeau. La rue tour à tour appelée Nationale, Impériale et Royale, est vraiment digne d'attention par sa longueur, sa largeur, la régularité et la noblesse de ses édifices. Ses maisons ne manquent pas d'élégance, ses places sont grandes et régulières. Au total, il n'est guère de ville qui soit mieux percée.

Cet article est extrait de notre bulletin de mars 2006, que vous pouvez vous procurer par correspondance, ou en vous rendant dans notre local de la rue de la Monnaie.

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